Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise, fait une déclaration aux médias à l'occasion de sa visite au salon "Made in France", Porte de Versailles à Paris, le 7 novembre 2025 ( AFP / Thomas SAMSON )
Il y a comme un parfum d'élection présidentielle dans l'air pour Jean-Luc Mélenchon. A moins de 18 mois de l'échéance de 2027, le leader de La France insoumise se prépare plus que jamais pour une quatrième candidature.
En une semaine, la figure de proue de LFI a enchaîné deux déplacements publics: dans un marché populaire de banlieue parisienne et au salon du Made in France.
L'occasion de montrer sa popularité dans les quartiers populaires, le coeur de cible des Insoumis, et de tenter de s'attirer les faveurs du petit patronat.
Le tout, en s'efforçant de paraître souriant et affable devant les caméras et en se prêtant même au jeu des selfies.
"Il a enclenché le mode présidentielle, c'est sûr. Il maîtrise sa parole, il choisit les moments où il s'exprime", reconnaît un cadre du mouvement.
Clémence Guetté, Manon Aubry, Aurélie Trouvé... A chacun de ces déplacements, Jean-Luc Mélenchon était entouré d'élus insoumis, même si c'est surtout lui qui a pris la parole.
"Tout ce que fait Jean-Luc, c'est avec une équipe. Il se préserve, il veille à ce qu'on soit présents avec lui, qu'on aille dans les médias... On réfléchit à plusieurs, plus qu'avant", ajoute le cadre LFI.
Jean-Luc Mélenchon (c), leader de La France Insoumise (LFI), salue un vendeur lors d'une visite au marché de Choisy-le-Roi, le 2 novembre 2025 dans le Val-de-Marne ( AFP / Thomas SAMSON )
Un proche du tribun évoque la nécessité de faire de "belles images", alors que ce dernier a l'habitude de s'exprimer régulièrement, mais derrière un pupitre, à l'occasion de meetings ou de conférences.
"Il ne faut pas laisser Marine Le Pen toute seule en dehors du marigot des tambouilles", appuie auprès de l'AFP le coordinateur du mouvement Manuel Bompard. La patronne du RN s'était rendue il y a quelques semaines à une foire agricole, alors que l'examen du budget débutait dans l'hémicycle de l'Assemblée. L'occasion d'images largement reprises sur les chaînes d'information.
- "Un casse pipe" -
La France insoumise, qui ne s'est toujours pas remise des 420.000 voix qui séparaient son champion du second tour en 2022, a déjà annoncé qu'elle présenterait son propre candidat pour la prochaine présidentielle.
Jean-Luc Mélenchon (g), leader de La France Insoumise (LFI), parle avec une vendeuse lors d'une visite au marché de Choisy-le-Roi, le 2 novembre 2025 dans le Val-de-Marne ( AFP / Thomas SAMSON )
Devant la presse, les Insoumis ne cessent de répéter, mécaniquement, que leur candidat sera désigné "en temps venu". Mais que si une élection devait avoir lieu "demain", leur fondateur serait le plus légitime.
Surtout depuis que François Ruffin, qui aspire aussi à un destin national, a été mis à la porte du mouvement l'année dernière.
Car la génération de dirigeants insoumis qui a émergé - Manuel Bompard, Clémence Guetté, Mathilde Panot - apparaît pour l'instant trop verte pour prétendre concourir à l'élection suprême de la Ve République.
"Aucun d'entre nous ne veut aller à une présidentielle. C'est un casse-pipe", avoue le cadre LFI déjà cité. Qui ajoute: "après, il est inquiet de son âge".
C'est un élément majeur de l'équation: Jean-Luc Mélenchon, qui avait déjà laissé entendre que la campagne de 2022 serait sa dernière, aura 75 ans lors de la prochaine présidentielle.
L'intéressé reconnaît d'ailleurs que les campagnes sont des moments "terrifiants" et "épuisants".
- "Papy rassembleur" -
Il devra surtout faire face à son impopularité, alors que les polémiques à répétition suivent LFI, notamment depuis les attaques du Hamas en Israël le 7 octobre 2023 et les accusations d'antisémitisme ou de clientélisme.
Jean-Luc Mélenchon (g), leader de La France Insoumise (LFI), fait une déclaration à la presse lors d'une visite au marché de Choisy-le-Roi, le 2 novembre 2025 dans le Val-de-Marne ( AFP / Thomas SAMSON )
Si dans les grandes villes et les banlieues la stratégie de la "conflictualité" et le discours radical portent plutôt bien leurs fruits, tous les sondages donnent le patriarche insoumis largement perdant au second tour de la présidentielle face au Rassemblement national.
"Notre image nous précède. Moi j'ai une image de brute", a déjà admis en privé le tribun, connu certes pour ses envolées lyriques et son instinct politique, mais aussi pour ses coups de sang.
Ses troupes pensent que l'ancien député de Marseille sera capable d'arrondir les angles, de prendre de la hauteur et de se montrer plus consensuel lors d'une hypothétique campagne d'entre deux tours.
"A chaque présidentielle, dans la dernière ligne droite, il fait le papy rassembleur, il parle de l'espace, de l'océan…", résume un fin connaisseur du système insoumis.
"Je ne considère pas qu'il s'est cramé", note de son côté un dirigeant d'un parti de gauche qui a bien connu l'ancien sénateur socialiste. "C'est quand même le plus malin de la bande", ajoute-t-il.

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